vendredi 28 février 2014

Aurores boréales, espace clos et inconnus barbus

J'étais en train de parler avec Ada sur Skype, quand soudain Kjartan toque à ma porte "Si tu veux revoir des aurores boréales il y en a de vraiment chouettes là, tout de suite." Regard gêné à Ada qui me dit d'aller voir, je cours enfiler mes rangers que je n'ai même pas le temps de lacer, sans avoir le temps de dire ouf je me retrouve dans la voiture de Kjartan... coincé avec sept autres passagers, à moitié assis sur les genoux d'un inconnu à grosse barbe : des amis Danois d'un ami de mon hôte, que Kjartan propose justement de conduire dans un endroit plus approprié - et moi avec. Et comme j'ai simplement sauté dans mes rangers, j'ai pas mes papiers d'identité alors que je suis pratiquement affalé sur les passagers de cette voiture pleine à craquer de Danois qui n'espèrent qu'une chose : Ne pas croiser la police (ça pourrait quand même porter une ombre à leurs vacances).

Ambiance !

(Bon ils étaient très cool et on a pu tout de suite blaguer sur le trafic d'organe surprise qui m'attendait dans la montagne, donc ça va. Pas de problème.)

Dix minutes de route plus tard, qui ne furent pas sans rappeler l'épique course poursuite en taxi plein à craquer pour rattraper le bus à Corinthe, et non sans quelques vannes dans les virages "serrés" (haha ! qu'elle bonne !.......) alors que je dois me plier en deux pour tenir, on débarque dans les hauteurs, loin des lumières de la ville. Et là, la récompense... sans pollution lumineuse, dans toute leur splendeur. Et en prime, avec des tons rouges, qui sont plus rares que les verts. J'étais sur le cul... bon, j'ai essayé tant bien que mal de suivre les conseils de Peter, sans trépied et malgré le vent j'ai donc été "créatif" et utilisé ce que je pouvais pour garder de la stabilité (la voiture, des panneaux, des rochers, une épaule de je ne sais même pas qui... peut-être le barbu d'ailleurs), néanmoins le résultat n'est pas encore très pro, beaucoup de bruit... J'ai fait ce que j'ai pu pour pouvoir partager avec vous cet instant magique - et non, j'ai pas honte des superlatifs dans des cas pareils - et je m'excuse de ne pas pouvoir vous offrir mieux que ça pour l'instant... mais j'espère bien avoir l'occasion de m'améliorer !

Détail à la con : Kjartan a passé son enfance dans une maison située à dix minutes de l'endroit où nous nous trouvions. Autant vous dire qu'il a passé pas mal de nuits à la belle étoile dans son enfance...
Amateurs d'astronomie, vous avez une belle constellation à reconnaître ! Indice : Ce n'est pas censé être une casserole.
Mère Nature claque tes fesses.
Le rouge est en fait beaucoup moins visible que le vert, la caméra le voit mieux que l’œil humain. Au bout d'un moment c'était clairement visible, mais les appareils photo l'avaient "vu" avant nous.
Et quand ça se mélange... superbe...
Bon, je le mets pas trop grand parce que y a pas mal de bruit... Faut que je m'améliore de ce côté-là.
Là encore on peut reconnaître la constellation en faisant attention. Même s'il faut bien l'avouer, là, tout de suite, devant pareil spectacle..... on s'en fout.
Il faut imaginer que ça ondule doucement... c'était lent mais parfaitement reconnaissable.
On aurait dit un dragon lumineux au-dessus de la montagne... Superbe...
Si j'étais déjà ravi de voir le ruban de couleur se dérouler dans le ciel citadin, cette observation m'a vraiment laissé bouche bée. C'est juste superbe, et frappant de part son aspect éphémère. Les ondulations apparaissent, disparaissent, tantôt au nord, tantôt au sud, il faut tout le temps se retourner et regarder dans toutes les directions, et on se fait à chaque fois surprendre... Et puis d'avoir vu du rouge, je me sens privilégié...

Et en rentrant, paf, Kjartan fait péter la bière et je conclue mon appel avec Ada.

C'était donc mon jeudi soir en Islande.

(Il va d'ailleurs sans dire que c'est bien évidemment comme ça tout le temps et tout, hein, vous vous en doutez bien. Aurores boréales, bière et genoux d'inconnus barbus. Tout. Les. Soirs.)



Un grand merci à toi, Kjartan si tu me lis grâce à l'ami Google*, et encore merci à Peter pour l'appareil photo et les conseils !

Et pardon Ada pour l'interruption prolongée... (là j’ai un peu honte...)



*Que mes éventuels lecteurs se rassurent, je lui ai déjà dis merci en face, hein. Je suis pas non plus un odieux connard comptant sur un logiciel de traduction qui ne parvient pas à me faire comprendre ne serait-ce que le sens général des articles de Helsingin Sanomat pour faire passer sa gratitude :-p

mardi 25 février 2014

L'article de gros touriste (probablement "Partie 1")

J'ai promis un article de gros touriste, le voici. Du bon photo-tourisme comme on les aime. Après un peu plus d'une semaine, je ne peux pas dire que j'aie fait grand chose, mais en même temps, je travaille, môa, môssieur. Et faut dire que le temps la semaine dernière oscillait entre le correct et le bien merdique, ce qui n'est pas super engageant pour aller se balader contre le vent, on en conviendra. Un vent qui persiste et signe comme étant particulièrement taquin. Et froid. Très froid.

TRÈS.

Úlfarsfell, face au golf désert...
Néanmoins, j'ai profité des après-midi plus ensoleillés ainsi que d'un week-end clément pour aller me promener un peu dans Grafarvogur, la banlieue de Reykjavík où j’habite et qui tire son nom de la crique qu'il borde. De fait, mon quartier (au sens large du terme) est bordé par la mer du nord au sud en passant par l'ouest, avec la montagne Úlfarsfell et la Montagne Bleue à l'est. Tout près il y a un golf et le cinéma le plus récent d'Islande, conçu pour la 3D, apparemment un des plus modernes d'Europe - j'essaierai d'y faire un tour, il paraît que Lego - Le Film est chouette ^^

Commençons donc par quelques images prises pendant cette promenade qui donne une idée de ce qu'il y a derrière le pâté de maisons où j'habite. On se rend bien compte que je suis en bordure de Reykjavík, il faut environ 40 minutes de bus avec la ligne 6 pour arriver au centre (tout dépend évidemment du trafic, mais surtout des conditions météo...). D'ailleurs, jusqu'ici les bus ont toujours été plus ou moins en retard... pas de beaucoup mais c'est quand même chiant quand le vent glacial balaye l'arrêt de bus.

Malgré le beau temps en cette fin de mâtinée de dimanche, il n'y a pas eu autant de monde que je pensais. Beaucoup de joggeurs promenant leurs chiens, quelques couples...
...mais pas vraiment la cohue touristique redoutée.
Grâce au soleil les plaques de glace fondent... lentement...
De chouettes coins bercés par le clapotis de rivières se jetant dans la mer.
Et une superbe plage de roche volcanique.
Frikirkja, l'église en tôle.
Justement, après cette ballade j'ai directement pris le bus direction Reykjavík pour aller visiter le musée national (qui aura droit à un petit article à part). En descendant, j'ai tout d'abord fait un petit détour pour prendre quelques photos de l'église Frikirkjan et des environs du petit lac en face, vu qu'il faisait beau (et qu'il y avait plus de lumière que lors de ma précédente visite). Je mets ici des photos prises au cours de plusieurs ballades dans le coin, qui vous permettront de remarquer le détail architectural très local : Leur amour immodéré pour la tôle ondulée. Dès son apparition au milieu du XIXème siècle, la tôle ondulée a été adoptée par l'Islande pour ne plus jamais la quitter. Comme les US et la Nouvelle-Zélande, apparemment (Charlotte, tu confirmes ?), l'Islande a donc largement utilisé la tôle ondulée pour ses toitures et a continué même après l'apparition de nouveaux matériaux. Bon, là, c'est pas seulement les toitures, c'est les façades aussi, les piliers de certains ponts, que ce soit des maisons, des immeubles, ou même des églises. Comme les constructions en brique ont toujours été très rares, la tôle a protégé des intempéries les anciennes structures en bois, et de nos jours également les bâtiments en béton un peu trop sensibles au temps pourri... tout en devenant un aspect incontournable du style islandais. Bon, on reste quand même dans un style nordique assez reconnaissable, avec tout ce que ça implique de fioritures discrètes et classes et de couleurs (beaucoup de rouge, de bleu, et de vert) :
Ça a beau être du bois, du goudron et de la tôle ondulée, ça pète la classe nordique quand même.
Les dragons soutenant le balcon sont particulièrement classe, et j'aime beaucoup la déco de la toiture.
Maintenant que j'ai fait cette parenthèse tôle ondulée, je pense ne plus avoir besoin d'y revenir, mais vous ne pourrez que remarquer au fil de mes articles à quel point on la trouve PARTOUT. Maintenant, revenons-en à nos photos de touristes. Si vous vous tenez devant cette maison, retournez-vous et faites quelques pas sur votre gauche. Vous y verrez alors un très bel endroit de Reykjavík :

Frikirkja et son cadre superbe, avec le lac gelé.
Si quelqu'un a la phobie des canards, il est encore temps de faire marche arrière.
Traversons donc le lac puisque la glace est épaisse et profitons ensemble des environs. On est déjà au centre historique, là. Derrière le pâté de maison qui se cache derrière la maison beige, on trouve la grande rue commerçante de la capitale, l'Hôtel de ville, et deux minutes plus loin un somptueux Palais de la Musique au design très moderne qui mérite son propre article à venir. Ces photos, c'est donc bien Reykjavík et pas la banlieue.
La vue de l'autre rive, d'où l'on vient. Notez les façades et toits bariolés.
On peut voir Frikirkja, la Galerie Nationale d'Art juste à côté et Hallgrímskirkja dans le fond. Pour l'anecdote, j'ai dû refaire presque une photo sur trois parce que je n'arrivais pas à rester immobile... salpedhz de vent. En plus, pas évident de le faire avec les gros gants, c'est donc à découvert que j'ai pris ces clichés. J'ai cru que j'allais perdre un doigt ou deux avant la fin de la ballade.
Après ce petit détour je suis finalement allé au musée national... mais ceci vous sera narré une autre fois !

[insérez générique dramatique ici]


[Bah je sais pas moi, un truc ronflant quoi]

jeudi 20 février 2014

Hallgrímskirkja et langue brisée

Après quelques jours sur place, je commence peu à peu à appréhender l'Islande un peu plus clairement. J'assimile tout doucement les différences et les nouvelles règles après mon conditionnement Finlandais, avec tout ce que ça inclue de bien et de moins bien. De bien quand les bus indiquent systématiquement le nom du prochain arrêt, nom qui change de couleur quand on y est pour ne pas se tromper (HSL, prends-en de la graine). De moins bien quand les gens me regardent bizarrement quand je dis merci au conducteur comme en Finlande (la politesse, bordel !). 

La rue qui monte vers Hallgrímskirkja. Notez l'architecture des maisons, j'y reviendrai.*
Bon, déjà, je réalise à quel point ce manque d'arbres me travaille, mais c'est compensé par la vue superbe des montagnes enneigées... sauf quand, comme aujourd'hui, elles sont partiellement enveloppées d'un linceul de nuages. Car j'ai également eu la chance de voir le fameux "temps qui change très vite" dont on m'avait annoncé rapidement la couleur. Les photos de cet article datent de mardi, où après le boulot j'ai fais un très rapide tour en ville pour voir l'église Hallgrímskirkja et son architecture très reconnaissable. Le lendemain nous passons une matinée ensoleillée et je me prépare à y retourner pour une visite plus longue, et là... c’est le drame. A deux heures le ciel se couvre en gris plomb, en quelques heures on est passé d'un chouette soleil à une tempête avec un vent à 40 mètres/secondes et des pluies torrentielles qui, dès le lendemain matin, ont laissé derrières elles de belles plaques de glace. Donc ce matin, grand vent et chaussée complètement gelée, j'ai marché un peu moins vite jusqu'au boulot... Il ne fait pas aussi froid qu'à Helsinki mais le vent c'est du souffle de compétition. Forcément, en face, c’est l'Océan Atlantique, pas la Baltique.

Autre changement notable, si comme à Helsinki le bon pain se trouve quand on le cherche, les gens ont l'air de préférer... le pain de mie. J'ai quitté le pays du Ruispalat pour celui du Pain de Mie, je ne sais pas encore si je dois vraiment m'en réjouir...

Au niveau de la langue... hum... je vous ai déjà dis à quel point j'étais content que le Finnois se prononce comme il s'écrit ? Parce que si j'ai omis de mentionner ce détail, il est temps de lui rendre toute la justice qui lui est due. Car la prononciation de l'Islandais fait passer le Finnois pour une langue de rêve pour tout apprenti linguiste (On prendra soin de ne pas parler ici de la grammaire finnoise, naturellement, ou mes insomnies remplies des règles K-P-T et autres verbityppit vont recommencer). Sérieusement, les gens qui ont adapté la langue islandaise par écris ont dû vouloir la coder à la source pour tromper l'ennemi, je ne vois pas d'autre explication. Entre les sons qui ont l'air de sortir de nulle part quand on a le mot écris sous les yeux et les règles que personne n'arrive à m'expliquer, j'ai du mal à ne pas chercher une corde du regard quand on tente de m'apprendre quelques mots. Exemple à la con : Le double-L. Mon adresse, par exemple, la rue s’écrit Gullengi. Passons déjà sur le fais que quand ils le prononcent le "g" sonne plutôt comme un "k", le "u" se prononce "ou" comme en Allemand et en Finnois, pas de souci, mais là en plus "ll" se prononce "tl". On prononcera donc à peu près (sons français) Koutlènki. Et là ça va, y a une voyelle derrière, mais il peu arriver que non, et là c'est pas "tèl" ou "tlè", c'est " tl' " à l'alsacienne (ou à la Lovecraft, selon les références linguistiques de chacun). Je vous dis pas le carnage pour votre langue quand vous tentez de faire une phrase. Et c'est sans mentionner les deux sons "dh" et "th" comme dans l'anglais "that" et "this" qui ont torturé bien des élèves français, on s'en souvient tous, et qui ici ont droit à des transcriptions par des lettres individuelles, respectivement ð et þ (cette dernière lettre étant à l'origine la rune Thurs. Oui, une rune survit encore aujourd'hui à travers l'alphabet islandais). Bref, je vais m'éclater avec la prononciation islandaise. En revanche, sans surprise, le vocabulaire germanique est parfois suffisamment proche de l'allemand pour permettre des suppositions éclairées et de devinettes de sens plus ou moins heureuses. Je n'ai pas encore attaqué la grammaire, mais on m'a assuré que c'était également "proche de l'Allemand". 

Je demande à voir.

Je "m'amuse" également à essayer de retenir les noms et prénoms, ce qui est d'autant plus un défi quand un nom sur trois commence par "Thor". J'exagère, évidemment. Un nom sur quatre.

A noter que les noms de famille n'existant pas (sauf rares exceptions), les Islandais utilisent encore le très classe système ancestral du "Fille de" et "Fils de", et leur "nom de famille" se finit par -dóttir (fille de) ou -sson (fils de). Moi, par exemple, mon nom islandais serait Florent Robertsson, Florent fils de Robert, ou, si je le souhaite, Florent Ursulasson, Florent fils d'Ursula. Je trouve ça très cool. Bon par contre, pour chercher un nom dans le bottin, bah... voilà...

Cela dit, avoir lu les sagas, Niebelungen et autres Eddas aide beaucoup, on reconnaîtra donc des dieux comme Thor et Baldur ou des héros/héroïnes comme Sigurdr, Harald, Gunnar, Ragnar, Gudrun, Aslaug, bref, pratiquement tout l'annuaire mythique et mythologique est encore présent dans les noms et prénoms. C'est à la fois très, très cool, mais assez perturbant aussi, quand je me rends compte au bout de quelques jours que j'ai déjà rencontré trois Thorhildur, deux Thoralla, deux Thora...

En même temps c'est un peu le syndrome Mikko/Matti/Aino des Finlandais. Mais avec le côté Dieu du Tonnerre en prime. 

Faute de tempête je n'ai pas vraiment pu faire de plus amples visites, mais voici néanmoins quelques images de Hallgrímskirkja, l'un des monuments emblématiques de Reykjavík, pour vous faire patienter en attendant un vrai article de bon gros touriste. (Et si j'ai le droit je vous parlerai aussi un peu de mon stage)


Je n'ai pas zappé la croix parce que je suis un odieux païen mais parce que pour prendre ce cliché, j'étais déjà allongé par-terre contre le socle de la statue qui m'empêchait de reculer encore plus. Désolé !
La statue en question fut érigée en 1930 par les USA en l'honneur de "Leifr Ericsson, découvreur du Vinland" (Amérique du Nord-Est), à l’occasion du Millenium du Althing, le parlement islandais - accessoirement le premier parlement au monde. Et non, il n'était pas Grec.
Malheureusement la porte a été fermée juste quand j'arrivais, j'y retournerais par beau temps car on peut monter dans la flèche et contempler Reykjavík d'assez haut, l'église était bâtie sur les hauteurs.

*Et non, amis joueurs, la rue ne s'appelle pas Baldur's Gate. Quand à l’architecture, dites-moi si vous remarquez quelque chose de curieux. Indice : Je parle bien sûr des maisons sur la gauche.

lundi 17 février 2014

Ma première fois



En Finlande j'ai eu mon premier sauna, ma première baignade dans la glace, et ma première roulade à poil dans la neige. L’Islande m'a procuré à son tour une première fois.

J'habite désormais chez Melkorka et Kjartan, un couple d'Islandais qui vivent dans la banlieue de Reykjavík. De leur appartement j'ai une chouette vue sur les montagnes environnantes et un peu sur la mer (vaguement, de loin). Le cadre est donc somptueux, le trajet en bus jusqu'à mon projet m'offrant quelques belles vues. Bon, faut dire que j'ai droit à un temps radieux (ça veut dire plein soleil et vent glacé). Cela dit, malgré les grosses plaques de glace bien épaisses qui traînent ça et là, on m'a annoncé la couleur : le gros des tempêtes de neige peut encore arriver - l'an dernier c'était en mars. Donc, la grosse neige peut encore venir. Là on est à -2°, ce qui par rapport à Helsinki n'est pas très impressionnant finalement. Mais bon, je suis content d'avoir la parka Armée de Terre qui me protège du vent parce que celui-là il est mordant...

Alors que nous discutions hier soir, on en est venu à parler des aurores boréales, et Kjartan me sort l'air de rien "Oh bah tu vas pouvoir en voir, ici, y en a de temps en temps". Moi, tout excité, forcément, je demande si c'est rare. Et là : "Bah, hier, y en avait, peut-être ce soir, on verra." Hier ? HIER ? Claqué par la fameuse nuit à Stockholm j'ai raté une aurore boréale ?? Bon, je croise donc les doigts pour avoir du bol et on passe à autre chose. Et puis, bien plus tard, devant un film, Kjartan se tourne vers moi et une fois de plus, l'air de rien "Tiens, si tu veux toujours voir des aurores boréales tu peux jeter un œil dehors."

Genre je vais répondre "Ah bah non, là, je regarde le film !". Évidemment qu'on est sorti et j'ai pu observer ma toute première aurore boréale. Malgré la pollution lumineuse (c’est quand même la Région Capitale) et mon manque d'expérience avec l'appareil photo que m'a prêté Peter, j'ai essayé de me faire un petit souvenir :-)



C'est pas évident à saisir car l'intensité de la lumière ne cesse de fluctuer...
... et l'appareil essaye plutôt de saisir les lumières vives.
 Bon, promis, je vais m'entraîner aux photos de nuit, au cas où...

dimanche 16 février 2014

Blödheit muss man bezahlen comme dirait Ada

Et donc j'ai commencé mon séjour en Islande en ratant mon vol.

Allez-y, riez. Non, non, vraiment, riez, c'était ma faute en plus.

Le vendredi de merde et la nuit qui a suivi m'ont au moins révélé une chose : J'étais bien plus stressé que je ne voulais bien l'admettre. Pas par le vol et le voyage, justement, et c'était là mon erreur, mais par tous les autres trucs qui m'ont occupé l'esprit jusqu'à la dernière minute : Assurance, Sécurité Sociale, paperasserie pour ma fac, est-ce que tout est bien signé, tout est payé ? L'obsession de l'erreur bureaucratique - acquise par l'expérience - m'a fait complètement oublier d'être prudent sur des trucs que j'avais déjà fais des dizaines et des dizaines de fois : Vérifier l'horaire du vol et être à l'heure. J'étais persuadé de partir à une certaine heure et... bah, non. Trop de confiance d'un côté, total manque de confiance sur d'autres trucs qui m'accaparaient, et même pas forcément uniquement pour ce voyage en Islande, et voilà, j'ai foiré. Et quand j'ai réussi à trouver une solution "économique" (toute relative, hein, ma stupidité a encore coûté à la Familiale de Banque mais merci Icelandair et la Familiale de Banque pour avoir été compréhensifs), j'ai pu prendre un vol pour Stockholm afin de prendre la connexion suivante vers Reykjavík... le lendemain, à 13 heures. J'ai donc passé la nuit à l'aéroport de Stockholm, avec plein de temps pour réfléchir. Là j'ai vraiment réalisé que je n'avais pas encore pris le temps de vraiment savourer l'avant départ, l'excitation du départ. Je n'avais pas arrêté de régler des formulaires, des papiers en tout genre, sans profiter de la joie d'y être finalement arrivé. (Pour faire court, alerte spoiler, je n'ai eu ce sentiment-là que quand j'ai finalement vu la côte depuis mon hublot. C'est dire)

La nuit à Stockholm fut passée sur un banc, les banquettes moelleuses ayant été prises d'assaut assez tôt. Sauf une, ce qui m'a paru un peu louche. Je me suis approché et j'ai vite compris. Là, à quelques mètres au-dessus de ce banc doux et rembourré si confortable, ronronnait soufflait bruyamment la ventilation. De son tendre souffle glacé, elle murmurait à mon oreille épuisée :

"Psst, tu veux la crève ?"

Et j'ai dit non, et je suis retourné sur mon banc en bois. J'avais de quoi m'occuper hein, j'avais mon ordinateur portable et des livres... haha, mais oui, vous vous en doutez que ça ne s'est pas passé comme ça ! Pour aller manger sans m’embarrasser de 35 kilos de bagages, j'ai mis mes affaire dans un casier (en fait un coffre fort miniature) à 130 couronnes suédoises (grosso modo 13 euros) pour 24h. Twist, indiqué nulle part mais dont on m'a informé une fois le coffre fermé bien sûr : La location est pour un seul verrouillage d'une durée maximum de 24h, pas une location du coffre pour 24h. En gros, tu PEUX laisser tes valises pour 24h, mais si tu ré-ouvres ton coffre après 10 minutes, pouf, fini, tu repayes. Et évidemment, mon ordi et mes livres (et ma veste) étaient donc dans le coffre. Après l'extra conséquent pour les nouveaux billets d'avions et les repas tarifs aéroports qui s'annonçaient, j'ai décidé d'arrêter les frais. J'avais au moins mon lecteur MP3, c'est déjà ça, mais pas mon appareil photo... Donc pas de belles images de l'aéroport quasiment désert à 2 heures du matin avec des halls complètement vides façon  28 Jours Plus Tard (ça j’admets c'était cool). Finalement après une nuit sans trop de sommeil (vraiment ?), moi et mon dos démoli avons pu prendre, enfin, notre vol vers Reykjavík. Un vol sans encombre au-dessus d'une mer de nuage - pas vu la Norvège du coup, ni l'Océan Atlantique, sauf une petite percée. Mais déjà un nouveau front de nuage s'apprêtait à faire disparaître la vue de... oh, mais attends...

Ce ne sont pas des nuages...

La côte Sud-Est se révèle...





Reykjavík en haut à droite.
Me voilà donc enfin arrivé, après un trajet d'une heure de bus entre l'aéroport et le centre-ville (avec arrêt à tous les gros hôtels, bien sûr.....) et un petit extra en taxi, avec un superbe soleil couchant mordoré et un ciel dégagé qui me fit bien plaisir. Les gens qui me logent sont très, très sympas, ma chambre est chouette avec vue sur la montagne que vous voyez un peu tout en haut de la dernière photo, mais je rentrerai dans ces détails-là plus tard :-) Pour le moment j'ai surtout récupérer d'un voyage stressant et crevant et fais connaissance avec mes hôtes (qui on fait un saumon pour mon premier repas en Islande, que demande le peuple ?) Plus tard ils vont me faire un petit tour des environs pour repérer les magasins etc, apparemment y a une bonne poissonnerie dans le coin, hihi...

Bien arrivé, donc, et demain mon premier jour de stage.

Dundunduuuuun.....



PS : Thanks again Peter for your camera, I would never have been able to take these pictures with mine, THANKS :-)

PS : I know, I've tried...

lundi 10 février 2014

Habiter VS Visiter

Dans une semaine, je serai en Islande.

J'en ai parlé avec ma famille et mes amis depuis un moment évidemment, mais avec la tête dans le guidon des formulaires, des signatures, des formulaires, des travaux à rendre, des formulaires, et puis tiens, vous reprendrez bien un petit formulaire, j'ai pas vraiment eu le temps de réaliser pleinement que "Ah bah dans une semaine je serai déjà sur place". Et là, ce dimanche, ça a fait clic, et je suis super excité.

Oui parce qu'avant j'étais surtout stressé à mort par des revers administratifs divers et variés (de l'annulation de mon stage pour lequel je me rend sur l'île pour 3 mois en passant par la découverte de ma non-couverture par la Sécurité Sociale française... et comme je ne suis pas couvert par la finlandaise... faites vos maths). Ensuite, moi et l'autre étudiante qui me rejoindra un mois plus tard, il a fallu qu'on se trouve un logement par nous-même, ce que j'ai fini par réussir par contacts interposés. Il a fallu que je me débatte dans la Paperasse Infinie pour que la tûnasse que m'avait DÉJÀ accordé Nord+ me soit délivrée, parce que oui, le programme d'échange donne les sous à ma fac après que j'aie rempli un dossier en bonne et due forme, qu'ils ont accepté, puis je dois REFAIRE un dossier en bonne et due forme pour que ma fac libère les sous qu'on m'a déjà accordé précédemment.

En fait, SATAN c'est l’acronyme pour Suomi's Awfully Terrorizing Administrative Nightmare.

Bref, tout ça c'est réglé : J'ai mes sous pour payer ma location sur place, mon vol, mon assurance, mon stage. Bref, je suis prêt et je n'ai plus rien pour me prendre la tête. Mais j'ai quand même une semaine avant de partir, haha ! Bonjour, Excitation du Départ, ça faisait longtemps !

Je me retrouve à attendre en pensant à ces trois mois et demi à venir. Et je me rends compte que je n'attends rien de particulier en fait. Alors évidemment y a deux trois trucs que je veux faire tant que je suis sur l'île... Après m'être essayé à la nage dans la glace en Finlande, j'espère pouvoir me baigner dans les sources chaudes (Île volcanique bonjour que puis-je faire pour votre service ?). J'espère faire des ballades en montagne (glaciers ?), le pied étant de pouvoir crapahuter sur un volcan... J'espère voir certains sites sacrés ásatrú aussi, puisqu'en Islande on est déjà allé jusqu'à détourner le tracé de routes à construire pour contourner des rochers sacrés, par exemple.

Mais les raisons pour lesquelles j'ai choisi l'Islande ne sont pas forcément liées à quelque chose de précis, comme visiter un lieu particulier ou voir un monument particulier. J'ai évidemment hâte de voir la cathédrale de Reykjavík qui pète la classe, mais finalement c'est plutôt la vie sur place dans son ensemble qui m'intéresse. Ça sera sans doute superbe et je vais me régaler avec des grandes étendues de vide, une nature rude et une population réduite. Mais ce qui m'excite c'est de me dire que je vais pouvoir travailler avec des Islandais, vivre chez eux, apprendre d'eux - leur façon de gérer la crise bancaire me laisse penser que je vais avoir droit à de nouvelles perspectives à bien des égards. Pas simplement visiter le pays et tout voir tout visiter tout faire comme quand on voyage quelque part et qu'on n'a que quelques jours pour faire un maximum de choses. Prendre mon temps.

On touche du doigt ma recherche - toujours en cours - de trouver les critères qui font qu'on habite dans un pays, qu'on y vis, et ceux qui font qu'en fait on ne fait que le visiter. La seule durée de la présence ne fait pas tout, même si d'après les lois de l'Espace Schengen, on définit arbitrairement cette durée à trois mois. Mais on peut passer 6 mois à visiter sans vraiment habiter le pays, comme un touriste. Ce qui n'est pas forcément négatif, on n'a pas toujours le temps, voire même la volonté, de faire autre chose que visiter.

Alors c'est quoi ? Les activités ? La compagnie qu'on tient ? 

Ou même... oserai-je... un subtil mélange de tout ça ? (parce que les réponses faciles et toutes prêtes c'est nul et que l'arbitraire, c'est pour les gens qui ont fait un Bac S) (Donc, pas moi)

Le gros problème du SVE ce n'était pas tant la durée (6 mois c'est pas tant que ça pour un projet de SVE "long terme" qui peut aller jusqu'à un an, mais c'est quand même pas mal du tout !) que la difficulté de se mêler aux locaux. Parce que notre Organisation d'Accueil était quand même une sacrée usine, avec une vingtaine voire une trentaine de volontaires dans la même ville. Du coup, c'était ambiance Erasmus : On rencontre plein de gens venus des quatre coins de l'Europe, on picole à mort, on se refile ses tics et ses fautes de mauvais anglais, mais on ne parle pratiquement pas (ou très peu) aux locaux - combien d'étudiants Erasmus sont rentrés chez eux avec 120 nouveaux contacts et pratiquement aucun local, sans avoir fait un pouce de progrès dans la langue du pays ? Comme une colonie du Club Med, niveau intégration, c'est pas génial. C'était une chouette expérience quand même, et via les collègues de travail, les clients, et quelques échappées on pouvait, si on le voulait vraiment, s'arracher à cette bulle, mais ça reste une expérience très différente de ma vie en Finlande où les seuls non-Finns que je côtoies sont des collègues de travail/camarades de classe. Du coup je vis en Finlande comme un Finlandais, sans faire 36000 visites tous les week-ends. Bon, d'accord, j'ai pas les sous pour ça. Mais quand bien même, je sens une différence dans ma propre façon d'appréhender le pays, du coup. Et comme j'étudie, travailles et tout le tralala avec des Finlandais, depuis deux ans et demi, je considères sans problème que j'habite et vis et en Finlande.

Et la Grèce, alors ? J'ai longtemps hésité, notamment parce que j'ai vu plus de non-Grecs que de Grecs et que mon niveau dans leur langue est resté très basique, mais je crois que je peux quand même dire que j'y ai habité, parce que ça impliquait un véritable quotidien avec travail (avec des collègues toutes grecques, et des clients tous grecs), courses, popote, vaisselle, ménage, linge... pas juste l'ambiance vacance Cumbaya. Quant à la langue, j'ai beau avoir grandi bilingue, apprendre de nouvelles langues a toujours été un défi à me donner des sueurs froides, et considérant mon échec cuisant en espagnol (oui, en espagnol, moi le francophone. J'ai honte), avoir assimilé en six mois suffisamment de grec pour faire mes courses et demander mon chemin, je trouve que c’est déjà bien. Même si j'ai presque tout oublié à part merci, s'il vous plaît, bonjour, bref, l'arsenal essentiel de l'homme civilisé : La Politesse !

(Je ne veux pas dire par là que les Finlandais ne sont pas civilisés, attention... ils sont juste polis.... autrement...)

(D'ailleurs, l'Alsacien qui vous marche sur le pied ne dit-il pas lui même "Hopla !" et non "Pardon" sans que ce soit impoli ?)

(Une autre courtoisie est possible)

(Mais je m'égare)

D'ailleurs, au bout de quelques semaines la vie à Xylokastro est devenue très pépère, très routinière. Au bout d'un moment, c'est moche mais on ne pense même plus à quel point c'est cool d'avoir des orangers comme décoration urbaine, auxquels on peut se servir librement et profiter d'oranges fraîches et juteuses, et surtout gratos. On finit même par se plaindre que les orangers soient plantés au milieu du trottoir, obligeant les piétons à marcher sur la route (Ce qui avec la conduite à la grecque n'est pas vraiment toujours recommandé). C'est con, mais le côté chiant des orangers il faut un certain temps et l'arrivée de cette routine pour s'en rendre compte. Il faut un changement de priorités entre : "Les oranges gratos c'est cool" et "Putdvqd, j'ai mes sacs de courses et mon pack d'eau à bout de bras et je dois contourner l'arbre de merde en plein milieu du trottoir, ah bordel et l'autre con qui se gare justement tout contre, ah fais chi..." Ça demande du temps et un regard routinier. En ça, on retrouve la fameuse courbe bullshit pas si bullshit que ça. Même si en l’occurrence, les orangers étaient loin d'être suffisant pour provoquer une Lune de Miel :-D

Pour l'Islande, je n'ai "que" trois mois et demi, c'est à peine plus de la moitié de mon temps en Grèce, mais je vais vivre avec un couple d'Islandais et, après un mois, une autre étudiante. Mais c'est tout. Pas de gros groupe à la Erasmus/ SVE Xylokastro, j'espère donc me faire des contacts locaux et profiter de mon temps plus de la façon dont je le fais en Finlande, tout en voyageant comme en Grèce, pour pouvoir y habiter, y vivre, et ne pas simplement "visiter". 

C’est mon défi Islande 2014 !



Ça, c'est la théorie, évidemment... On va voir comment je m'en sors en pratique.

jeudi 6 février 2014

Le danger du cliché

Il n'y a pas si longtemps je suis tombé sur le blog de la talentueuse Pénélope Jolicœur, qui voyage pas mal visiblement, par le biais d'un article qui parlais (très bien d'ailleurs) du problème posé par le chalutage profond. Voyant qu'elle avait été en Finlande, et ayant aimé le ton de son article, je suis allé voir ce qu'elle en avait pensé. Et il y a une chose qui m'a frappé, un truc qui me gêne assez souvent dans les récits des gens qui voyagent beaucoup...

Le besoin agaçant de satisfaire les attentes du lecteur.

Et je ne parle pas là des attentes en terme de qualité, évidemment. Quand on clique sur le lien pour lire un article on s'attend quand même à ce que y ait de la viande autour de l'os sinon on s'ennuie. Non. Je parle de lui donner ce qu'il veut, de faire du fan service.

Alors je ne dis pas que tout son article était là pour satisfaire les besoins de clichés du lectorat car elle raconte les choses assez bien et tout, mais là où j'ai été frappé c'est quand elle raconte sa nuit de Solstice d'été par un soleil de minuit éclatant comme le jour. Le plein jour en pleine nuit, bah oui, on est dans le Nord. Ça n'aura sans doute pas choqué grand monde car comme chacun le sait, en Finlande en été il fait jour tout le temps.

Sauf que c'est faux, en Lapponie peut-être, mais elle décrit son séjour à Åland, cet archipel suédophone du SUD-ouest de la Finlande. A titre de comparaison, voici deux photos prises une nuit de Solstice près de Kotka, au Sud-est, à peu près aussi "au nord" que Åland, par ciel dégagé. Ce sont les plus "lumineuses" que j’ai pu obtenir cette nuit-là parmi d'autres, beaucoup plus sombres :

La meilleur captation de lumière possible.
Celle-là est plus proche du rendu de l’œil.

Donc faut quand même pas exagérer non plus. Il fait encore un peu clair, certes, on voit un léger rougeoiement, certes, mais plein soleil, non (dans le Sud de la Finlande, il y a cinq heures où le soleil est couché pendant l'été), même s'il fait clair, il est parti le soleil, pouf. Alors quoi, une journée qui dure déjà 19h c'est pas assez impressionnant ? Faut dire qu'il a fait jour sans s'arrêter ?

Alors c'est un peu injuste de pointer cet article-là du doigt, je sais bien, je ne prends cet exemple simplement que parce c'est dernier sur lequel je sois tombé. Et même si j'ai aimé son article, c’est le genre de truc qui me fait souvent tiquer. Son séjour lui a offert de superbes rencontres et paysages, pourquoi en rajouter ?



PS : Cela dit sa série d'articles était quand même chouette donc allez-y donc :-p (En plus y a de belles photos d'Åland)